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Affaire Auto Plus : les différents points de vue

Après la perquisition orchestrée dans la rédaction d’Auto Plus et l’arrestation de l’un de ses journaliste à la suite de la publication de photos inédites issues de réunions internes au constructeur français, les réactions pleuvent. L’Association française de la presse automobile, Auto Plus et Renault réagissent sur le sujet.

Communiqué de l’Association française de la presse automobile (AFPA) :

Un journaliste gardé à vue parce qu’il a fait son métier, une rédaction bouleversée, pillée légalement, pour des faits dont elle n’est en aucune manière responsable. Cela, en France, en 2008, l’association française de la presse de l’automobile ne peut pas l’admettre. Qu’un constructeur français fasse appel à la justice pour trouver l’auteur de fuites qu’une enquete interne n’a pas permis de démasquer, c’est son affaire. Qu’un journal automobile, Auto Plus obtienne des informations exclusives de futurs modèles en gestation, c’est son travail. Mais qu’un an après les faits, on aille fouiller les tiroirs, les disques durs et les poubelles de ce même journal et que l’on prive de liberté un de ses membres pour lui faire avouer ses sources d’information, cela tient de l’inquisition.

Il y a plus de 50 ans, la même mésaventure était survenue à l’Auto-Journal auquel la direction de Citroen reprochait de s’être procuré les plans de la DS 19. Certes, cet épisode a davantage profité à la notoriété du journal qu’aux dirigeants automobiles et à la justice. Mais la liberté de la presse et de l’investigation journalistique n’en est pas sortie grandie. On croyait ses mours judiciaires révolues, à l’heure ou le Parlement se penche justement sur le droit au secret professionnel des journalistes. L’AFPA exprime son soutien plein et entier à ses confrères d’Auto Plus.


Denis Astagneau, président de l’AFPA

Laurent Chiapello, directeur des rédactions d’Auto Plus (extraits d’une vidéo sur le site de l’hebdomadaire) :

« Les faits sont simples. Mardi matin, à 7h, les officiers de la police judiciaire de Versailles ont débarqué au domicile de Bruno Thomas, un journaliste d’Auto Plus. Celui-ci a été placé en garde à vue et la police a perquisitionné son domicile devant sa femme et ses enfants. Ensuite vers 9h, (…) la petite troupe est venue à la rédaction d’Auto Plus. Ils y ont perquisitionné le bureau de Bruno Thomas, ainsi que celui de l’un de ses collaborateurs. La perquisition a duré jusqu’à 17h30, (…) une perquisition très longue et très désagréable. Des documents et des photos ont été saisis et les policiers ont effectué des copies de disques durs. Puis, ils sont partis avec le journaliste, en garde à vue depuis lors. (…)

Aujourd’hui (ndlr : mercredi), nous n’avons pas le droit de parler à Bruno et nous attendons sa libération. Cette situation nous apparaît comme disproportionnée. Le fonctionnement appliqué est celui adopté pour les criminels, à savoir l’arrestation et la perquisition à 7h devant sa femme et ses enfants.

Lorsque l’on revient à l’affaire, il faut rappeler qu’il s’agit de la publication de photos de futurs véhicules, chose que fait Auto Plus depuis 20 ans, et la presse automobile depuis 60 ans, quelque chose de banal en somme. Je ne vois pas l’intérêt de déployer autant de forces sur un sujet comme celui-là. (…) Il existe un vrai problème sur la protection des sources journalistiques. Les informateurs anonymes permettent de faire une information indépendante qui ne soit pas dirigée par les voies officielles. En saisissant ces documents, ce sont nos sources qui sont livrées à la police et à la justice. Et ceci est un vrai problème de confidentialité et donc un vrai problème pour informer nos lecteurs. (…) Nous attendons de la part de chez Renault une clarification de la situation qui est pour le moins obscure.

Nous reviendrons dans le prochain numéro de la semaine prochaine largement sur cette affaire. Pour donner notre position, tout d’abord, mais aussi pour tirer au clair les positions de chacun, et notamment celle de Renault, qui nous paraît particulièrement trouble.
»

Communiqué de Renault :

Plainte « contre X » suite à la révélation d’informations confidentielles

En juillet 2007, Renault a déposé une plainte « contre X » auprès du Parquet de Versailles, à la suite de la publication par le magazine Auto Plus d’informations et de photos relatives à des projets de véhicules et issues de réunions internes. Cette décision fait suite au préjudice subi du fait de la divulgation d’informations confidentielles qui relèvent du secret industriel.

Cette plainte « contre X » a été déposée pour des faits et non contre des personnes dénommées ou contre le magazine.

Le secret industriel est un avantage concurrentiel essentiel que Renault se doit de protéger en tant qu’industriel responsable. Lorsque des secrets sont divulgués sans son accord, Renault recherche systématiquement l’origine de la fuite en interne, dès lors qu’il considère que ses intérêts sont en jeu, et prend les mesures adaptées lorsque l’origine est déterminée.

Dans ce cas précis, Renault, n’ayant pas identifié l’origine de la fuite et ayant remarqué une recrudescence de publications d’informations confidentielles, a décidé l’an dernier de porter plainte « contre X ».

Etant soucieux du respect absolu de la liberté de la presse, Renault a pour responsabilité de protéger ses intérêts et ceux de ses salariés. « En portant plainte contre X, notre intention est bien de protéger les secrets industriels et la propriété intellectuelle de Renault dans un contexte concurrentiel tendu et non pas d’attaquer un magazine. Pour le reste, nous nous en remettons à la justice quant à la manière de mener l’instruction » a déclaré Christian Husson, Directeur Juridique de Renault.

Cette affaire suit son cours. Webcarnews vous tiendra informés dès que de plus amples informations feront leur apparition.

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