Les performances d’une Ferrari de la fin des années 90 dans une compacte que l’on croise tous les jours, c’est tout simplement ce que propose la nouvelle Audi RS3. Et on la croise vraiment tous les jours, car des A3 avec des grosses jantes ça court vraiment les rues. Sauf que celle-ci, flanquée du badge RS, profite d’un 5 cylindres turbo figurant parmi les moteurs les plus explosifs et musicaux du marché. C’est parti pour un tour de chant!
Fiche Technique
Carrosserie | compacte |
Nombre de portes/places | 5 portes / 5 places |
Dimensions L/l/h en mm | 4343 / 180 / 1411 |
Empattement en mm | 2631 |
Volume du coffre en L | 280 |
Poids à vide en kg | 1520 |
Type | 5 cylindres turbo |
Cylindrée en cm³ | 2480 |
Puissance en ch | 367 |
Couple en Nm | 465 |
Transmission | intégrale |
Boîte | automatique 7 rapports |
Vitesse maxi en km/h | 250 |
0 à 100 km/h | 4''3 |
Conso cycle mixte en L/100 km | 8,1 |
Rejets CO2 en g/km | 189 |
Prix (à partir de) | 56 900 € |
Energie | essence |
Puissance fiscale en CV | 25 |
Bonus / Malus | malus 4000 € |
On a eu peur un temps pour le 5 cylindres 2.5 L turbo Audi, peur que ce morceau d’anthologie que l’on croirait davantage conçu par des musiciens que par des ingénieurs ne soit sacrifié sur l’autel des émissions polluantes. La marque l’a finalement sauvé et en a profité pour le passer de 340 ch sur l’ancienne RS3 à 367 ch sur la dernière mouture. Il s’agissait aussi de faire « dégonfler le melon » à une certaine Mercedes A45 AMG, autoproclamée compacte la puissante de tous les temps avec 360 ch.
Et puis comment se résoudre à signer le certificat de décès d’un bloc capable de catapulter une berline compacte de 0 à 100 km/h en 4’’3. A titre d’exemple, une Ferrari 550 Maranello (V12 485 ch) réalisait l’exercice en 4’’4 à l’époque. Et pour être vraiment complets sur les chiffres signalons une vitesse maxi fixée à 250 km/h, voire 280 km/h moyennant une petite rallonge de 1800 €.
Mais assez discuté technique, laissons le 5 cylindres s’exprimer. Et croyez nous quand celui-ci donne de la voix, de caverneuse à bas régimes à déchirante à l’approche de la zone rouge, on l’écoute et les cous se tordent sur son passage.
Mais comment une A3 peut-elle chanter de la sorte? Via un système d’échappement bien travaillé (1030 € en option pour le modèle sport le plus expressif), et qu’il est possible de moduler via le Drive Select en même temps que la direction, les suspensions, la réponse à l’accélérateur et les lois de passages de rapport de la boite Stronic 7.
Trop facile, et alors !
D’une étonnante docilité à bas régimes, la mécanique réagit ensuite sans la moindre inertie aux sollicitations en envoyant valser l’aiguille du compte-tours avec violence vers la zone rouge. L’exercice est addictif, ponctué par des râles jouissifs et une poussée intense qui semble ne jamais vouloir s’arrêter.
Attention à ce petit jeu-là les 18L/100 km (essai en moyenne montagne) sont vite atteints. La profondeur d’un 6 cylindres, la réactivité d’un 4 cylindres et des relances démoniaques avec pas moins de 465 Nm de couple disponibles sur une très large plage (de 1625 à 5550 trs/min), difficile dans ces conditions de ne pas succomber aux charmes du cœur de la RS3. Votre permis lui aussi peut succomber !
En effet les vitesses atteintes vous font très vite passer d’une conduite dynamique à la grande délinquance routière. A cause ou grâce à une efficacité redoutable, la bombe d’Ingolstadt ne craint pas grand monde sur route ouverte.
Un châssis bien né pour un bel équilibre naturel, un système quattro pour une motricité bluffante et enfin un train avant mordant (quoiqu’un peu chargé), il n’en fallait pas plus pour faire de cette RS3 II une dévoreuse de courbes, une tueuse de cordes…Certains critiqueront toujours ce côté » trop parfait », mais cette facilité à rouler très vite, cette capacité à mettre en confiance son conducteur n’est-elle pas la condition nécessaire pour oser « essorer » son moteur comme il le mérite ?
Soulignons à ce propos que le « fun » ressort souvent comme l’argument qui sert à masquer une mise au point brouillonne. Dans le cas de la RS3, comportement irréprochable et plaisir de conduite sont loin d’être incompatibles.
Les seuls finalement à ne pas s’amuser sont les pneus et bien entendu les freins qui assurent côté mordant et endurance.
Nos regrets concernant cette super-A3 portent finalement sur des détails, à savoir : un poids respectable (1520 kg), une position de conduite un peu haute pour une voiture avec autant de tempérament, et enfin un amortissement dont la fermeté, salutaire en conduite dynamique, fatigue assez vite à allure modéré et peine vraiment sur un revêtement imparfait.
Une chanteuse onéreuse
C’est peut-être le plus gros défaut de cette RS3, qui malgré ses prestations hors du commun, reste une voiture commune avec un ticket d’entrée à 56 900 € (!). On peut lui trouver toutes les qualités du monde, impossible là de ne pas remarquer ce chiffre frôlant les 60 000€ (plus de 70 000 € avec les options pour notre modèle d’essai). Elle s’adresse à une clientèle bien spécifique, à peine 400 amateurs en France pour la première génération, mais ce n’est quand même pas le prix du rêve, nous parlons toujours d’une A3.
Une A3 basée sur la finition Ambition Luxe côté équipement (climatisation bi-zone, navigation, feux bi-xénon, sellerie cuir, radars AV et AR, accès et démarrage sans clé) et reconnaissable à ses boucliers spécifiques, ses jantes 19 pouces et sa double sortie d’échappement ovale.