La prise de contrôle de Chrysler par Fiat n’a pas seulement servi à Lancia qui a récupéré dans sa gamme les 300C (Thema) et Grand Voyager (Voyager). Voilà déjà 10 mois que Fiat commercialise le Dodge Journey sous le nom de Freemont. Ce gros SUV de presque 5,0 m de long est du coup devenu le véhicule familial qui manquait au constructeur italien. Disponible jusque-là uniquement en traction, le Freemont s’équipe désormais d’une transmission intégrale. C’est donc dans sa version 2.0 diesel 170 ch boîte auto (unique motorisation proposée) que nous avons essayé le Freemont 4×4 dans le massif des Corbières.
A tous ceux qui pensaient que rebadger le Dodge Journey en Fiat Freemont n’allait pas relancer sa carrière, il est bon de sortir les chiffres. Sous pavillon Dodge, l’auto s’est écoulée à 1 667 exemplaires en France de 2008 à 2011. Fiat en a déjà vendu 1 600 en France depuis juin 2011 et a déjà enregistré 30 000 commandes en Europe. Un volume certes pas exceptionnel mais il ne faut pas oublier que le Journey n’a quasiment rien coûté à Fiat.
En effet, en changeant de marque, le Journey s’est simplement offert une nouvelle calandre, un nouveau bouclier et de nouveau feux arrière. Il conserve sa musculature très américaine et ses dimensions généreuses : 4,89 m en longueur pour 1.87 m en largeur. Au-delà du style donc chacun sera seul juge, la vraie force du Freemont est d’offrir à la marque un modèle à la frontière de plusieurs segments : SUV, monospace et break.
Vie à bord – Esprit de famille
Tout comme à l’extérieur, les économies ont primé au moment de rebaptiser le Journey. Le Freemont offre certes une ambiance plus chic avec quelques plastiques de meilleure facture, une instrumentation plus travaillée et un mobilier aux formes adoucies mais il ne parvient pas à se hisser au niveau des références de la catégorie. Malgré tout, la sellerie cuir de notre modèle d’essai (Lounge) et l’énorme écran tactile du GPS (8’’4) donnent un côté un petit plus valorisant et chaleureux à cet intérieur qui fleure bon (ou pas) l’Amérique.
La plus grande qualité du Freemont reste son habitabilité plus que généreuse pour au moins 5 personnes et 540 L de bagages. Livré de série avec 7 places, il soigne un peu moins l’accueil des 6ème et 7ème passagers (manque d’espace aux jambes et difficulté d’accès) qui devront s’asseoir dans le coffre et donc réduire son volume à 145 L. Dans ce domaine, le Freemont ne fait de toute façon pas moins bien que la majorité des monospaces 7 places.
Les équipements – Un positionnement agressif
Dans sa version 4×4, le Fiat Freemont reprend les finitions de la déclinaison 4×2 : Freemont, Urban et Lounge. De série, il dispose déjà de la climatisation automatique tri-zone, de l’autoradio CD MP3 à écran tactile, du démarrage sans clé, du régulateur de vitesse et des jantes 17 pouces. Facturée 1 500 euros en plus, la version Urban rajoute l’écran de 8’’4, le système Bluetooth, les radars de recul, le siège conducteur électrique et l’allumage automatique des feux. Quant à la sellerie cuir, la navigation, la caméra de recul, le système audio Alpine et les jantes 19 pouces, ils sont réservés au haut de gamme Lounge (+ 2 000 euros).
Sous le capot – De bonnes intentions
Comme nous le disions plus haut, le Freemont 4×4 est exclusivement animé par le 2.0 Multijet 170 ch. Développé par Fiat, ce diesel de deuxième génération à rampe commune délivre une puissance confortable et autorise des reprises convaincantes grâce à un couple de 350 Nm. Quelque peu coupé dans son élan par la boîte auto 6 à rapports (d’origine Chrysler), il peine quand même à masquer les deux tonnes de l’auto. Pas vraiment discret mais volontaire, le 2.0 L corrige ses petites lacunes par une consommation tout à fait acceptable pour un engin de ce gabarit : 8,5 L/100 km lors de notre essai sur des routes pas toujours favorables aux économies d’énergie. Notons enfin que les irréductibles de l’essence pourront bientôt passer commande d’un Freemont 4×4 V6 (3,6 L Pentastar) de 280 ch.
Sur la route -Confortable et polyvalent
A l’occasion de son passage chez Fiat, le Journey avait subi de nombreuses modifications châssis afin de s’adapter aux habitudes européennes, notamment des suspensions et une direction plus fermes. Pas moins confortable que le Journey, le Freemont est surtout bien plus rigoureux avec une prise de roulis mieux maitrisée, des mouvements de caisse atténués et un train avant plus précis. Certes son gabarit et son poids n’en font pas un cador des spéciales de rallye mais il se montre plutôt agile et son comportement n’a plus cette approximation typique des productions d’outre-Atlantique.
Notons au passage que le Freemont 4×4 dispose d’une transmission intégrale dite « on demand », autrement dit le couple n’est transféré sur le train arrière (maximum 50 %) que lorsque cela est nécessaire. Et quand la gestion électronique du système détecte une perte d’adhérence d’un côté ou de l’autre de la voiture, elle est également capable d’opérer une répartition de gauche à droite ou inversement. Tout ceci s’opère sans que le conducteur n’ait à intervenir.
Sur route sèche, difficile de se rendre compte des effets réels du 4×4 en matière de motricité. Mais une petite incursion hors bitume nous a permis d’évaluer les bonnes aptitudes du Freemont en tout-terrain. Sans être un pur franchisseur, il évolue en toute sérénité sur des chemins parfois cassants et le lien entre les deux essieux est plus évident notamment sur les côtes raides et dans les rares passages un peu « gras » du parcours.
Bilan
Son gabarit valorisant, son habitabilité, sa modularité (7 places), sa polyvalence (transmission 4×4) et son agrément moteur font du Fiat Freemont un véhicule attachant. Certes son côté un peu trop américain (extérieur et intérieur) en rebutera certains mais c’était le prix à payer par Fiat pour présenter dans sa gamme une véritable familiale à la croisée des genres et à moindre frais. Question prix justement, le Freemont 4×4 soigne son positionnement avec une entrée de gamme à 31 600 euros. Rares sont les véhicules de cette trempe à essayer de jouer sur tous les tableaux, citons quand même le Nissan Qashqai+2 dCi 150 boîte auto 4×4 (à partir de 33 000 euros) et le Chevrolet Captiva VCDi 184 boite auto 4×4 (à partir de 34 250 euros).