En deux ans seulement, le coupé Peugeot RCZ est passé de la belle de salon à la bête de route. Premier modèle « hors série », façon DS chez le cousin aux chevrons, RCZ est aussi le premier à arborer trois lettres sans le moindre chiffre. Un non distinct pour une voiture distinctive tout d’abord par ses lignes mêlant habilement agressivité et élégance. Mais RCZ n’est pas juste une belle promesse, ses moteurs puissants et ses trains roulants soignés marquent le retour de la marque au lion sur le créneau du plaisir de conduite. Rencontre sur les routes sinueuses et peu fréquentées du pays basque espagnol.
Dans l’oeil du photographe
Découvert sous les traits du concept 308 RC Z, le coupé RCZ n’a quasiment pas évolué et c’est tant mieux ! On aurait certes préféré pour ce porte-drapeau une face avant moins exubérante à la SR1, le nouveau manifeste de style de la marque, mais la partie arrière est tout simplement sublime. Allongée, charnue, ornée en son sommet par un toit à double bossage d’inspiration Zagato, la poupe du RCZ ne manque pas d’allure. Exit le style lourdaud du Coupé 407, la silhouette est trapue, athlétique, et les arches de toit en aluminium donnent du mouvement à l’ensemble Du beau travail ! Après DS3 chez Citroën, RCZ confirme le retour de la belle voiture française, et à priori ce n’est pas fini puisque d’autres modèles suivront. Côté dimensions, RCZ atteint 4,28 m en longueur, 1,84 m en largeur et 1,35 m en hauteur, des côtes proches de l’Audi TT son rival tout désigné. Enfin comme ce dernier, RCZ joue les supercars grâce à un aileron mobile censé favoriser la stabilité à haute vitesse. S’ouvrant automatiquement à partir de 85 km/h, il peut être actionné manuellement grâce à une commande sur la console centrale.
Vie à bord
Avec une ligne aussi exclusive, on s’attend forcément à un habitacle exclusif. Et bien pas du tout, RCZ reprend à quelques détails près le mobilier de la berline 308. Dommage, mais l’ensemble est très soigné surtout avec l’option cuir intégral. Pédalier aluminium, volant sport, montre analogique, instrumentation sportive, RCZ marque son statut de coupé haut de gamme. L’accès à bord n’est pas très aisé pour les grands gabarits mais une fois assis, on profite d’une position de conduite idéale. On regrettera simplement le grand diamètre du volant et le manque de soutien latéral des superbes sièges baquets. Vendu comme un coupé 2+2, RCZ dispose de places symboliques à l’arrière. Elles serviront surtout en cas de dépannage ou en cas de punition pour petits et grands. Le coffre quant à lui surprend par son volume, 384 L et jusqu’à 760 L grâce à une banquette rabattable via un levier situé à l’arrière. Sans être une familiale, RCZ s’envisage bien sûr au quotidien mais aussi pour de longs week-ends.
Les équipements
Pour RCZ, Peugeot est allé au plus simple avec un seul niveau de finition commun à toutes les motorisations. Il offre de série la climatisation bi-zone, l’autoradio CD MP3, le régulateur de vitesse, les radars de recul et les antibrouillards. La sellerie cuir est facturée en supplément 1 800 EUR, le système HiFi JBL 500 EUR et la navigation demandera une rallonge de 2 000 EUR. À noter que cette dernière intègre de série le service d’appel d’urgence Peugeot accessible en cas de panne ou d’accident via une simple touche sur la console centrale.
Sous le capot
Pour cet essai sur un parcours à fort dénivelé et particulièrement tortueux, Peugeot avait sélectionné ses deux offres les plus puissantes à savoir le 2.0 HDI 163 ch et le 1.6 THP 200 ch. À noter qu’au lancement RCZ reçoit également une variante plus modeste du 1.6 THP développant 156 ch.
Missionnée pour constituer le gros des ventes (65 % du mix), la version diesel HDI brille avant tout par son couple conséquent de 340 Nm disponible entre 2 000 et 3 000 trs/min. Ses relances sont musclées et ont tendance en sortie de courbe à malmener le train avant. Agréable lorsqu’on le mène sur le couple, le RCZ mazout séduira les gros rouleurs par sa puissance et ses consommations raisonnées (5,3 L/100 km en cycle mixte), le bruit et les vibrations typiques du diesel en moins. Mais avec lui gare à la vitesse car sans s’en rendre compte on accède rapidement au statut de grand délinquant de la route.
Pourtant, ces premiers tours de roues nous ont laissé sur notre faim car nous avons bien senti tout le potentiel du châssis. Non pas que le diesel soit inadapté mais il manque bien entendu de saveurs dans les tours. Et c’est en pressant fortement l’accélérateur moins de 200 m après avoir pris le volant de la version essence, que nous goûtons enfin au véritable plaisir de conduite. Certes la sonorité est travaillée et parvient à l’habitacle au moyen du Sound System, un dispositif relié à l’admission qui amplifie le son grâce à une membrane, mais que c’est bon ! Capable de flirter avec les 7 000 trs/min, le THP 200 ch offre un tout autre visage au RCZ. Bluffant d’élasticité, couple maxi de 275 Nm disponible dès 1 700 trs/min et puissance maxi de 200 ch disponible à partir de 5 500 trs/min, ce bloc développé en interne par Peugeot et non en collaboration avec BMW pousse fort du début à la fin. Mêlant turbo Twin-Scroll, injection directe et levée variable des soupapes d’admission, le THP 200 manque peut-être d’explosivité (caractère linéaire) mais les performances sont là : 237 km/h en pointe et 7 »5 au 0 à 100 km/h. Cerise sur le gâteau, sa facture énergétique est étonnamment basse : 6,9 L/100 km et 159 g/km.
Sur la route
Autant l’avouer, nous partions bardés d’à priori sur le RCZ et nous nous attendions à une auto capable d’aller vite mais au tempérament pataud et très typée confort. Au lieu de cela nous avons découvert un coupé parfaitement équilibré, sain et jamais piégeur. Doté d’un amortissement plutôt ferme, RCZ informe en temps réel de l’état de la chaussé à faible allure, trop peut-être. Cela se calme en haussant un peu le ton et là les suspensions font preuve de progressivité aussi bien en détente qu’en compression, ne déstabilisant pas l’auto comme c’est trop souvent le cas sur les voitures dites sportives.
Comme toutes les tractions, RCZ se montre sous-vireur à la limite, son contrôle de trajectoire sait se faire discret, et son train arrière semble scotché au sol. Une neutralité sécurisante que lui reprocheront les conducteurs les plus pointus mais qui ravira l’immense majorité. Sans avoir recours à un différentiel ou à un train avant à pivot indépendant, le coupé au lion exploite sa puissance sans sourciller et sa stabilité, gros pneus (235/45 R18) et voies larges (AV + 44 mm et AR + 63 mm par rapport à une 308) permet d’attaquer sans appréhension. Profitant d’une direction bien calibrée, ferme et précise, RCZ soigne ses trajectoires au profit de l’efficacité. Doués quand il s’agit de mise au point châssis, les ingénieurs de chez Peugeot nous livrent ici une de leurs plus belles partitions. Terminons ce beau tableau par un compliment au freinage, largement dimensionné avec des disques de 340 mm à l’avant, il offre puissance et endurance.
Bilan
Après DS3, RCZ est l’autre bonne surprise de ce début d’année, celle qui nous réconcilie avec l’automobile française. Terriblement séduisante, exclusive mais accueillante, animée par des moteurs brillants et reposant sur un châssis aux petits oignons, l’ancienne star des salons fait une arrivée retentissante sur la route. Si notre préférence va sans la moindre hésitation à la version 200 ch (prévu pour l’été), RCZ apparaît comme une belle offre quelle que soit la motorisation : de 27 400 EUR (THP 156) à 29 900 EUR (HDI 163). Des tarifs inférieurs à l’Audi TT de 3 000 à 10 000 EUR et qui selon Peugeot séduiront plus de 4 000 clients cette année en France.