Douze ans, c’est le délai dont ont disposé les équipes de Renault pour préparer le remplacement de l’Espace IV (lancement 2002). Une période très longue sachant qu’un renouvellement intervient généralement au bout de 6 ou 7 ans. On a beaucoup hésité tant sur la forme que sur le fond. On a même songé à jeter l’éponge. Mais le temps a semble-t-il bien fait les choses et le nouvel Espace, devenu crossover, s’avère surprenant.
Fiche Technique
Carrosserie | Monospace |
Nombre de portes/places | 5 portes / 7 places |
Dimensions L/l/h en mm | 4857 / 1888 / 1677 |
Empattement en mm | 2884 |
Volume du coffre en L | 660 |
Poids à vide en kg | 1659 |
Type | 4 cylindres biturbo |
Cylindrée en cm³ | 1598 |
Puissance en ch | 160 |
Couple en Nm | 380 |
Transmission | traction |
Boîte | automatique 6 rapports |
Vitesse maxi en km/h | 202 |
0 à 100 km/h | 9''9 |
Conso cycle mixte en L/100 km | 5 |
Rejets CO2 en g/km | 123 |
Prix (à partir de) | 39 200 € (finition Zen) |
Energie | diesel |
Puissance fiscale en CV | 8 |
Bonus / Malus | neutre |
En 1984 le Renault Espace inventait une nouvelle forme d’automobile familiale, le monospace. Trois décennies plus tard, la marque au losange a décidé de s’en éloigner pour renouer avec le succès.
En effet, le segment des grands monospaces traditionnels a du essuyer deux tempêtes successives, d’abord la vague des monospaces compacts (moins chers et plus pratiques au quotidien) et ensuite la déferlante des SUV (plus valorisants et plus agréables à conduire).
Calqué sur le concept Initiale Paris de 2010, que l’on doit à Laurens Van den Acker, le nouvel Espace casse les codes pour devenir un crossover, mixant l’univers des monospaces et celui des SUV.
Aussi long qu’un Grand Espace IV (4,86 m), il reste un « beau bébé » mais sa silhouette devient plus dynamique grâce à quelques astuces visuelles : + 4 cm en garde au sol, une hauteur réduite de 6 cm et une ligne de caisse assez haute histoire de muscler le tout. Au final, l’Espace s’éloigne de son physique de camionnette et se veut plus valorisant. D’ailleurs, le positionnement premium qu’il avait acquis au fil des ans est encore plus marqué sur cette nouvelle génération.
Le diable… et le luxe se cachent dans les détails

Dans cette finition Initiale Paris, la plus luxueuse, l’ambiance à bord est particulièrement chaleureuse
En tant que porte-étendard de la gamme Renault, l’Espace soigne son accueil. Cela passe par une refonte complète de l’habitacle, marquée à l’avant par une très belle console centrale flottante qui regroupe quasiment toutes les commandes.
L’écran tactile de 8,7 pouces, en position verticale, signe l’arrivée d’une nouvelle génération du système multimédia R-link (série dès le premier niveau). Plus rapide et plus complète, elle pêche encore en matière d’ergonomie notamment dans la navigation au sein des menus.
Autre souci ergonomique, le levier de vitesses, au demeurant très joli, mais qui aurait nécessité plus de simplicité dans sa grille. Faire du premium c’est se concentrer sur les détails et non plus seulement apporter toujours plus de contenu technologique : affichage tête haute, régulateur de vitesse adaptif, lecture des panneaux, aide au stationnement automatique, freinage d’urgence automatique…
Ouvrons d’ailleurs une parenthèse sur ce fameux thème qu’est le « luxe à la française ». Autant il est indiscutable dans de nombreux domaines (parfumerie, maroquinerie, haute-couture…) autant dans l’automobile il ne veut plus dire grand chose. Car à l’instar de la Citroën DS5, l’Espace tombe dans l’écueil du « presque luxe » et de la solution alternative pour éviter la comparaison directe avec les références allemandes. Comparaison qui mettrait trop vite en évidence ses lacunes.
Certains répondront qu’à plus de 40 000 € pour un cœur de gamme le nouvel Espace est déjà bien assez cher. Non ! Cent fois non ! Si Renault, et les autres constructeurs tricolores, espérèrent gagner des parts de marché dans le premium et arrêter de passer pour des seconds couteaux, ils devront se mettre au niveau dans les prestations et le prix.
Renault a donc encore un peu de chemin à parcourir pour atteindre le meilleur niveau européen. On sent les efforts sur les harmonies des couleurs, sur la qualité des assises et sur les assemblages.
Mais certaines matières sonnent encore faux, paraissent fragiles, et des détails agacent à l’image de cette boîte à gants tiroir (une bonne idée au départ) qui vient percuter les genoux du passager, ou l’obligation de passer par le rang 2 pour redresser les sièges du rang 3. Cela est d’autant plus dommage qu’un boîtier de commande (One-Touch) situé à l’entrée du coffre permet de rabattre un à un les sièges des rangs 2 et 3 d’une simple pression sur un bouton.
Cela nous amène naturellement à parler de l’habitabilité, comment ne pas le faire pour une voiture nommée Espace ? Pour faire simple, il reste l’une des familiales les plus accueillantes du marché, même si sa nouvelle silhouette réduit la garde au toit et ne permet plus à des adultes d’être véritablement à l’aise au rang 3.
Notons au passage que quelle que soit la version ces deux places supplémentaires (+ climatisation) sont une option facturée 1500 €.
Au rang 2 en revanche, les trois assises individuelles offrent un environnement royal pour les jambes et les coudes. Et bonne nouvelle, une fois escamoté, tout ce petit monde dégage un plancher de chargement plat. Plus besoin de manipuler des sièges de plus de 20 kg. En jouant sur les configurations, le volume varie de 247 L (rang 3 en place), à 660 L (rang 3 rabattu), voire 2045 L (rangs 2 et 3 rabattus).
Le premier monospace à conduire
Avec le nouvel Espace, la première impression de conduite est la bonne. Fini le comportement paresseux du précédent et cette position de conduite typée utilitaire. A son volant, les sensations sont proches de celles délivrées par une berline et les tracés sinueux, en ville ou en campagne, ne sont plus une punition. A ce propos, sans être des plus informatives, la direction a nettement progressé en précision.
Plusieurs raisons à ce dynamisme nouveau : une nouvelle plate-forme plus légère (la même que sur les derniers Qashqai et X-Trail), un poids général en baisse de 200 à 250 kg et surtout l’adoption du système 4 roues directrices 4Control (option à 1700 € avec suspension pilotée). Comme sur la Laguna, ce dernier améliore sensiblement la stabilité et l’agilité. On notera aussi qu’il favorise la maniabilité à basse vitesse (les roues arrière tournent dans le sens inverse des roues avant en dessous de 50 km/h) permettant ainsi à l’Espace de braquer aussi court qu’une Clio !
En revanche, le point sur lequel notre première impression positive s’est ternie au fil des kilomètres c’est l’amortissement. En effet, l’Espace est un véhicule très confortable qui sait mettre à l’abri ses occupants. Tout à fait ce que l’on attend d’une familiale accomplie.
Malheureusement cela se traduit par des mouvements de caisse importants qui finissent par donner une sensation de flottement sur la route. Le réglage des amortisseurs n’est pas le seul fautif dans l’histoire ; le gabarit, le poids et le centre de gravité rehaussé en même temps que la garde au sol sont également en cause. On ne peut pas tout avoir. D’autant qu’il est toujours possible de corriger un peu ce phénomène de tangage grâce à la suspension pilotée, notamment en mode Sport (le plus ferme). Baptisé Multi-Sense, le système offre 5 modes de conduite et agit aussi sur la direction, la réponse du moteur et les rapports de boîte.
On passe d’un mode à l’autre via une touche de raccourci sur la console centrale et chacun dispose de sa propre personnalité. Le plus convaincant reste le mode neutre car il offre une bonne synthèse entre les modes Sport et Confort.
De la personnalité justement, on s’attendait à ce que les motorisations en offrent davantage. Discret et souple à bas régimes, le 1.6 dCi 160 ch remplit parfaitement sa tâche sans jamais faiblir. Ses deux turbos ne suffisent pourtant pas à donner à l’Espace l’agrément moteur que son châssis et son standing méritent. Peut-être est-ce la faute de la boîte double embrayage EDC qui malgré son extrême douceur manque de rapidité et semble lisser les accélérations et les reprises.
Une retenue que nous avons observée aussi sur la version essence 1.6 TCe 200 ch. Plus énergique et encore plus silencieuse, elle devrait malgré tout demeurer confidentielle car n’oublions pas que la majorité de la clientèle visée est professionnelle, donc attirée par le diesel.