Après des décennies de berlines haut de gamme : R30, R25, voire Safrane, Renault avait déserté le marché, tentant tout au plus de séduire les flottes avec Latitude. Un produit coréen re-badgé à la va-vite qui n’a jamais séduit. Portée par de nouvelles ambitions, la firme au losange remplace en 2015 Laguna et Latitude par une Talisman prometteuse sur le papier. Promesse tenue ?
Fiche Technique
Carrosserie | berline |
Nombre de portes/places | 4 portes / 5 places |
Dimensions L/l/h en mm | 4848 / 1868 / 1463 |
Empattement en mm | 2808 |
Volume du coffre en L | 608 |
Poids à vide en kg | 1518 |
Type | 4 cylindres twin turbo dCi |
Cylindrée en cm³ | 1598 |
Puissance en ch | 160 |
Couple en Nm | 380 |
Transmission | traction |
Boîte | automatique 6 rapports |
Vitesse maxi en km/h | 215 |
0 à 100 km/h | 9''4 |
Conso cycle mixte en L/100 km | 4,4 |
Rejets CO2 en g/km | 118 |
Prix (à partir de) | 41 000 € |
Energie | diesel |
Puissance fiscale en CV | 8 |
Bonus / Malus | neutre |

Dans la lignée des Espace et Kadjar, la Talisman marque encore pus les nouvelles ambitions de Renault dans le premium
Pour ce retour vers plus de distinction qu’une simple berline familiale, Renault devait aussi casser son image sur le segment. Si Laguna, au fil des générations, s’était écoulée à plusieurs millions d’exemplaires, elle traînait également une réputation peu flatteuse.
Renault a donc entamé les travaux dès 2009 pour revenir sur le marché des grandes berlines avec un produit qualitatif. Pour cela, il a fallu investir 420 millions d’euros dans l’usine française de Douai afin de retrouver un site de production lui aussi de qualité. N’oublions pas que pour cette « mission », Renault a fait venir en audit des cadres de Mercedes, avec qui la marque a des affinités grâce à ses échanges techniques.
Mission séduction

Il n’est jamais simple d’offrir de l’équilibre et de la personnalisé à une grande berline. Renault réussit son pari.
Une fois le nouvel outil de production en ordre de bataille, il fallait un produit capable de séduire. Et la séduction pour une berline ne passe pas (plus) seulement par un grand coffre et 4 places généreuses. Si les Français en sont encore à se demander comme signer une ligne tri-corps, les Allemands ont de leur côté du Rhin multiplié les formats : berline coupé, break, mais aussi shooting brake, etc, etc … L’émergence de ces produits a forcément influencé Laurens Van Den Acker et son équipe au moment de prendre le crayon.
L’avant doit être identitaire, porter la marque. Les recettes sont évidentes avec un logo généreux, un éclairage stylisé, un museau vertical et un long capot. Le plus délicat commence souvent à partir du profil, surtout pour une auto qui dépasse les 4,80 m.
Ici Renault a réduit la surface vitrée pour viriliser la ligne, posé de grosses jantes et étiré le pavillon. L’arrière peut parfois gâcher à lui tout seul une voiture, les exemples ne manquent pas dans l’histoire de l’automobile et chez Renault notamment. Pour éviter de briser l’élan donné au dessin, la marque s’est enfin affranchie du hayon pour un coffre classique.
Au final, le rendu est très esthétique, marquant même dans le paysage quotidien comme nous avons pu le constater en Italie où les curieux n’ont pas manqué de nous interroger sur l’origine de la voiture. Plus que n’importe quel avis de spécialiste, l’approbation de la foule impose le respect pour le dessin de Talisman.

La signature lumineuse de la Talisman, très réussie au demeurant, se retrouvera sur la nouvelle Mégane
Mais prendre garde aux effets de style
Pour cet essai, nous avons fait connaissance avec le modèle Initiale Paris, la crème de la crème dans la gamme Talisman. Il comprend tous les raffinements esthétiques (sellerie cuir, inserts spécifiques, peinture dédiée) et technologiques : grand écran tactile 8,7 pouces, fauteuils massants, ventilés et chauffants par exemple. Les aides à la conduite sont au niveau de la catégorie : lecture des panneaux, maintien dans la file, lecture des panneaux, régulateur adaptatif, freinage d’urgence…
Présenté comme cela, le tableau est agréable, plutôt valorisant même pour Renault qui nous avait habitué à beaucoup moins bien. Le choix des matières, le dessin de la planche de bord, le soin des ajustements illustrent combien la marque a progressé pour présenter une qualité qui ne fait plus sourire face aux codes allemands en la matière. Mais qu’en est-il vraiment sur une variante d’entrée de gamme ?

On retrouve avec plaisir dans la Talisman la tablette tactile verticale de l’Espace. Elle se révèle plutôt facile à utiliser
Le bel effet de cette tablette tactile (GPS, téléphone, hi-fi, climatisation …) peut rapidement s’effacer. En effet, sur le premier niveau il n’y a même pas d’écran ! Sur les finitions suivantes, c’est un écran 7 pouces, mais placé horizontalement qui habille la console centrale. Comment ? On ne le sait même pas puisque la marque n’a pas voulu ou osé nous le montrer. Aussi qu’en sera-t-il des sièges classiques en tissu ?
Bref, si elle fait sensation de prime abord, on attend de voir la Talisman de Monsieur Tout-le-monde avant de vous dire si oui ou non elle mérite sa place parmi les grandes routières premium.
S’il est un point sur lequel la Talisman ne fait pas d’esbroufe c’est l’habitabilité. Compte tenu de ses dimensions, sans offrir l’espace à vivre d’une Skoda Superb, elle accueille dans un standing certain quatre adultes. Votre serviteur a logé sans problème son mètre quatre vingt neuf sur la banquette arrière. Pour partir au ski en famille (c’est bientôt la saison), le coffre avalera sans sourciller 608 L de bagages : un véritable gouffre. !
Technologies : qui a dit que les Françaises étaient en retard ?
La Talisman arrivera sur le marché avec deux motorisations essence de 150 et 200 ch, livrées de série avec la boîte EDC (double embrayage) à 7 rapports. Côté diesel, la berline de Renault sera proposée avec trois blocs dCi : 110, 130 et 160. Les deux derniers peuvent recevoir une transmission EDC à 6 rapports.
La version 110 ch reçoit le badge ECO2 avec un niveau d’émission de seulement 95 g/km pour une consommation en cycle mixte annoncée de 3,6 L / 100 km. Pour la fiabilité, signalons un point important : à l’exception du dCi 110 ch qui a une distribution par courroie, tous les autres moteurs bénéficient d’une distribution à chaîne limitant donc l’entretien et offrant un vrai gage de fiabilité.

La nouvelle grande berline Renault mise surtout sur le confort, au détriment peut-être des sensations
Techniquement, la Talisman peut recevoir le Multi-Sense : un châssis paramétrable (direction, loi de passage des rapports de boîte de vitesse, suspension pilotée, caractère moteur) qui est couplé à la technologie 4Control (quatre roues directrices). Notre modèle d’essai en était automatiquement doté de part son niveau de finition, nos appréciations quant au comportement de la berline sont donc à prendre en fonction.
Volant en main, on démarre la Talisman en douceur. Le dCi 160 s’éveille silencieusement et ne vient pas troubler la quiétude à l’intérieur de l’habitacle. Renault a d’ailleurs particulièrement travaillé l’isolation de celui-ci avec un double vitrage.
On enclenche la boîte EDC sur le mode automatique et on laisse la gestion moteur sur le mode « normal » (on dispose également d’une cartographie sport, éco, confort ou perso). Ainsi la direction reste assez souple et les suspensions pilotées proposent un profil neutre. Les premiers kilomètres en ville se font sans difficulté particulière. Au contraire, le gabarit s’appréhende facilement grâce à la bonne visibilité. On quitte la ville de Florence en Toscane pour les routes plus sinueuses de la vallée d’Emilie Romagne. Là, on se dit qu’il est temps de passer en mode sport et de profiter de l’agilité du châssis 4Control. C’est en partie vrai …

Avec ses 4 roues directrices et son poids en baisse, la Talisman promettait d’être parmi les modèles les plus dynamiques du segment. Promesse tenue…seulement en partie.
Même sur le mode sport, les suspensions sont encore trop souples. S’il faut reconnaître l’immense intérêt d’avoir une berline confortable pour voyager, on se dit que le passage sur le mode sport devrait avoir plus d’effet sur l’électrovanne qui gère les suspensions.
Le roulis reste donc trop prononcé, si bien que les quatre roues directrices n’apportent pas de sportivité supplémentaire, elles annihilent simplement le sous-virage. Les amateurs (et ils sont nombreux) du dynamisme de la Laguna 4Control risquent de rester sur leur faim. C’est d’autant plus dommage qu’en perdant 60 kg sur la Laguna, la Talisman pouvait légitimement prétendre à suivre les meilleures de la catégorie (la BMW Série 5 notamment) dans le sinueux, mais elle devra encore travailler son comportement. La direction est en revanche sans fausse note.
Le duo moteur / boîte fonctionne assez bien. Très volontaire, le 1,6 dCi (quatre cylindres bi-turbo) propose 380 Nm de couple dès 1750 trs, mais manque un peu de santé dans les tours. Rien ne sert de tirer dedans, il faut enrouler sur le couple. La transmission EDC propose un bon agrément en mode automatique, mais encore une fois le mode sport pourrait être plus réactif. Heureusement, le passage en mode manuel résout le problème. Renault s’est en revanche passé, pour des raisons économiques, de palettes au volant ce qui est un peu préjudiciable dans l’utilisation du mode manuel.