Un signal lumineux m’invite à remettre les mains sur le volant car cela fait plus de 30 secondes que je l’ai lâché pour me détendre. Normal me direz-vous ! Quand on roule il faut être attentif et pour se détendre il convient de s’arrêter. Sauf que pendant ces 30 secondes « d’inattention » c’est la voiture qui, toute seule, s’est occupée de maintenir l’allure ainsi que le cap. Bienvenue dans la nouvelle Mercedes Classe E qui dispose, entre autres, d’un système de conduite autonome.
Fiche Technique
Carrosserie | berline |
Nombre de portes/places | 4 portes / 5 places |
Dimensions L/l/h en mm | 4923 / 1852 / 1468 |
Empattement en mm | 2939 |
Volume du coffre en L | 540 |
Poids à vide en kg | 1680 |
Type | 4 cylindres turbo |
Cylindrée en cm³ | 1950 |
Puissance en ch | 194 |
Couple en Nm | 400 |
Transmission | propulsion |
Boîte | automatique 9 rapports |
Vitesse maxi en km/h | 240 |
0 à 100 km/h | 7''3 |
Conso cycle mixte en L/100 km | 4,3 |
Rejets CO2 en g/km | 112 |
Prix (à partir de) | 49 200 € |
Energie | diesel |
Puissance fiscale en CV | 10 |
Bonus / Malus | neutre |

Difficile sur cette vue de savoir si c’est une Classe E, une Classe S ou encore une Classe C.
En réalité la conduite autonome c’est pour demain. En France tout du moins, car aux Etats-Unis ça existe, sur la Tesla Model S notamment, mais il y a eu quelques « ratés ».
Aujourd’hui il est seulement possible de parler de conduite semi- autonome, car si la technologie est prête, la législation ne l’est pas encore. Cette dernière a d’ailleurs contraint Mercedes à brider le dispositif Drive Pilot sur la Classe E (1800 €) qui permet à la voiture de gérer le duo accélérateur/frein ainsi que le volant. En Allemagne, par exemple, il est possible de commander un dépassement d’une pichenette sur le comodo des clignotants.
Sans les mains !
Les modèles commercialisés chez nous sont tout de même capables, grâce au travail conjoint de plusieurs systèmes (caméras, capteurs, régulateur de vitesse, aide au maintien de file, surveillance des angles morts) de s’adapter aux limitations en vigueur et bien sûr de rester dans leur voie sans que le conducteur n’ait autre chose à faire que de poser ses mains sur le volant.
Génial non? Pas exactement car au-delà du sentiment de déresponsabilisation du conducteur – certains automobilistes n’ont déjà pas besoin d’une Classe E suréquipée pour adopter une conduite irresponsable – la conduite semi-autonome n’est pas si sereine que ça.

Classique et élégante, la nouvelle Classe E reçoit quand même en option un kit extérieur AMG qui renforce sa personnalité.
Difficile encore de faire complètement confiance à la machine quand celle-ci frôle d’un peu trop près la glissière centrale, freine sans raison apparente et semble avoir une certaine difficulté à rouler vraiment droit (correction permanente dans le volant). Dans ces conditions, mieux vaut conduire alors.
Cela tombe bien, nous sommes là pour l’essayer cette Classe E, la sixième génération si l’on se réfère à la W123 de 1975 (10ème si l’on remonte aux années 50), une berline réputée depuis toujours pour ses qualités routières. Cette nouvelle mouture ne fait pas mentir son héritage mais parvient en plus à introduire du dynamisme dans la recette.
Non pas qu’elle soit forcément plus légère, à peine 70 kg de moins grâce notamment à une nouvelle structure commune avec la dernière Classe, mais les trains roulants ont été bien retravaillés. On relève ainsi plus de maintien en courbe, moins de pompages parasites pour au final un toucher de route plus précis. Une précision inédite qui se ressent également dans la direction.

La Classe E reste un modèle de confort mais refait son retard sur ses rivales (Série 5 et A6) en matière de dynamisme.
Du confort, mais pas que
Et le confort dans tout ça, il s’agit d’une Mercedes quand même ? Grâce à l’option Air Body Control (2300 €) avec ses amortisseurs à ressort pneumatique, la Classe E reste fidèle à la tradition et isole parfaitement ses passagers des défauts de la chaussée. Seul un revêtement dégradé abordé à faible allure est capable de la mettre en défaut. A sa décharge, c’est un exercice difficile pour la majorité des voitures et les jantes 19 pouces du Pack AMG n’arrangent peut-être pas les choses.
Parmi les autres qualités routières de la nouvelle Classe E, citons une acoustique parfaite avec un silence vraiment étonnant à allure stabilisée. Il n’y a guère que sur les démarrages et les fortes sollicitations que l’on parvient à entendre le quatre cylindres diesel qui équipe notre 220d.

Le 2.0 diesel de 194 ch est plaisant, mais à ce niveau d’excellence on attend davantage d’agrément.
Ce nouveau bloc 2.0 L, remplaçant du 2.1 L bien connu des amateurs de l’étoile, fait silence au-delà et produit peu de vibrations. Des bonnes manières qui lui permettent de prendre l’avantage sur les quatre cylindres concurrents d’Audi ou BMW (plus rugueux). Avec ses 194 ch et 400 Nm de couple, il n’est pas à la peine sous le capot de la Classe E, répond présent avec des reprises convaincantes et s’accommode bien de la très douce boite automatique 9 rapports.
Malgré tout, ce moteur est nécessaire car la voiture affiche 1,7 tonne sur la balance, et en toute franchise on est en droit d’attendre un agrément supérieur d’une voiture à 50 000 € hors options. Certes la consommation est faible, tout juste 7.0 L/100 km de moyenne pendant notre essai, mais à ce niveau on attend la sonorité d’une mécanique essence, et pourquoi pas le coffre d’un 6 cylindres. Bonne nouvelle, Mercedes en propose au catalogue, jusqu’à 258 ch en diesel et 401 ch en essence.
Beau et techno

Sans doute l’une des plus belles planches de bord du moment…et l’une des mieux finies aussi.
Comme nous venons de le voir, la Mercedes Classe E est une voiture élitiste, mais les prestations offertes sont très élevées. Il n’y a qu’à regarder ce superbe intérieur repris en partie de la prestigieuse Classe S. Entre cuir et aluminium notre modèle d’essai en met plein la vue, et que dire de cette instrumentation 100 % digitale composée de deux écrans de 12,3 pouces. A elle seule elle justifie l’achat de la finition Fascination, seule variante où elle est livrée en série (3200 € sur les autres en association avec la navigation).
Aucune faute de goût donc à l’intérieur de la Classe E, ni de technologie manquante, à tel point qu’il faut un peu de temps pour appréhender toutes les fonctionnalités. Le pavé tactile sur la console centrale (trop sensible) n’est d’ailleurs pas d’une grande aide. Mieux vaut alors tout piloter depuis le volant via les deux touches sensitives qui permettent de naviguer facilement dans les nombreux menus.

Malgré ses 3 places, seuls deux adultes seront bien installés à l’arrière de la Classe E.
Alors s’il fallait trouver quelques défauts à cette Classe E ce serait peut-être le caractère un peu trop éclatant de son habitacle, certains souhaiteront plus de discrétion, mais aussi son habitabilité. Malgré des côtes généreuses, + 4 cm en longueur et + 6 cm d’empattement, les passagers arrière ne seront pas aussi à l’aise que dans une classe affaire, la place du milieu reste ferme et pâtit d’un tunnel de transmission trop imposant.
Enfin un mot sur le style, d’abord pour saluer la capacité de Mercedes à avoir su renouveler son design d’une génération à l’autre. Même si elle a perdu sa calandre à 4 phares si caractéristique, la Classe E a gagné en caractère et en élégance. Ensuite, on peut tout aussi bien critiquer la marque pour appliquer désormais à toutes ses nouveautés ce même coup de crayon si réussi. Attention à l’overdose !