Les légendes ne prennent pas de rides, elles n’ont pas non plus besoin de connaître le secret de l’élixir de longue vie ou de la fontaine de Jouvence ; elles sont et demeurent. Le SL est de ces mythes qui ont le temps pour allié ; son long passage sert leur grandeur, légitime leur statut alors qu’il s’écoule en oubli sur le commun des voitures.
Sa Majesté n’a pas de complexes à dire son âge : née en 1954 (quasiment en même temps que Côte d’Azur.
En effet, ce SL sixième du nom qui était sorti en 2001 vient d’être actualisé comme c’est souvent le cas pour ces modèles d’exception aux cycles de vie plutôt long (14 années en moyenne) : sa plastique a été légèrement « faceliftée » et sa gamme et ses motorisations remaniées. L’occasion pour nous, professionnels scrupuleux, de re-vérifier, non sans un certain plaisir, les qualités de cette voiture de rêve.
Design
Dans le vent du coupé-cabriolet qui souffle depuis l’apparition du toit rétractable en dur, la concurrence s’est multipliée et ce type de véhicules est désormais proposé à des prix tout à fait accessibles par des constructeurs généralistes. Mais le SL possède une ligne à nulle autre pareille. À l’épreuve du glamour, aucune jeunette ne lui arrive à la jante.
Toutefois, depuis son restylage, cette héritière d’une lignée d’élégance et de distinction manifeste un caractère plus fougueux et sportif que ses aînés : volontairement plus agressive, la face avant gagne en dynamisme avec ses nouvelles optiques mordant les ailes, une calandre plus ouverte traversée par une barrette chromée et des bas de caisse plus musclés. Le double bossage du long capot et les sorties d’air en forme d’ouies intégrées aux ailes avant accentuent encore ce tempérament véloce tout en rendant hommage au fondateur de cette dynastie. Les boîtiers de rétroviseurs intègrent des nouveaux rappels de clignotants plus effilés.
Les nouveaux gènes dominants du SL, qui confèrent à sa proue la forme générale d’une flèche évoquant ses vertus sportives, sont voués à inspirer tous les futurs modèles de Mercedes. Sur la partie arrière, les changements sont plus anecdotiques avec un pare-chocs modifié et, ô esprit de la compétition, un bas de caisse intégrant un diffuseur et des sorties d’échappement trapézoïdales.
À l’intérieur, la planche de bord tout de cuir tendue est sublime mais il est difficile de présenter le SL dans ce domaine tant les finitions matériaux et les tons proposés sont nombreux et varient aussi selon les versions. L’appel de ces sièges en cuir aux possibilités de réglage (électrique) illimitées est irrésistible. Afin de pouvoir profiter plus longtemps de rouler à ciel ouvert, en plus des traditionnels « fauteuils chauffants », Mercedes a doté ce SL d’une nouvelle évolution de son Airscarf (« écharpe d’air » en français) : il s’agit d’un système intégré aux appuis-tête qui pulse de l’air chaud dans la nuque et le cou des passagers et procure une sensation de bien-être même lorsque les températures sont encore basses.
La qualité est au-dessus de tous soupçons même si, en cherchant bien, quelques petites indigences font tache dans ce luxueux décor ; c’est le cas notamment des aérateurs qui ne sont pas au niveau ou encore du mécanisme d’ouverture du coffre qui, en plus d’être nu, exhibe une morphologie frêle qui n’inspire pas confiance. Les rangements ne sont pas immenses mais entre le coffre et les bacs de rangements situés derrière les sièges, ils devraient être amplement suffisants pour les deux heureux passagers de ce cabriolet.
Sur la route
C’est toujours avec une certaine émotion que l’on monte à bord d’une voiture d’exception. Installé dans le siège, une profonde respiration pour humer cette atmosphère luxueuse. La main posée sur le levier de vitesse, une pression. Engine Start. Un bref frémissement court du capot jusqu’à mon échine. La belle est réveillée.
Le SL est une diablesse. Elle vous séduit d’abord, vous envoûte pour mieux vous perdre. Sans même vous en apercevoir, voilà le vice qui vous guette pour faire de vous un « délinquant routier » en puissance. Nous avons eu entre les mains le SL 350 et nous recommandons vivement l’emploi du régulateur de vitesse, particulièrement dans les zones sensibles, afin de ne pas laisser filer sous votre pied droit cette bête qui ne demande qu’à vous emporter.
Mais revenons à des considérations plus techniques. Le châssis du SL est précis et bien guidé. En mode sport, la voiture est littéralement rivée à la route et vous seriez bien en peine de la mettre en défaut. Le chant du V6 est grisant et on rêverait d’une étreinte plus franche que le timide flirt entre votre pied et l’accélérateur mais notre grand respect du code de la route nous impose de modérer nos ardeurs.
En mode normal, le SL se montre moins vif mais vous transporte dans un confort divin. Un petit bémol pour la direction qui nous a déçu : imprécise, manquant de fermeté à haute vitesse, elle se montre trop flottante autour du point central. D’une manière générale, on regrette que cette voiture ne soit pas assez directe. A son volant, on manque d’un « retour d’information » et on déplore de ne pas suffisamment « sentir » la route. Un défaut que la future direction paramétrique (en option mi-2008) comblera peut-être.
La boîte 7G-Tronic est très agréable et s’adapte tout à fait à votre style de conduite. Son temps de réponse, comme celui du moteur, est parfois un peu lent mais dans l’ensemble, elle présente de grandes qualités et les règles de gestion des rapports sont très justement calibrées selon le mode de conduite adopté.
La suspension de cette voiture est irréprochable. Comme toujours chez Mercedes, elle est plus axée sur et la qualité de la filtration mais elle se révèle efficace dans le mode sport. Le confort est royal et, en dessous de 100 km/h, l’aérodynamique du SL vous préserve de la gêne que pourraient occasionner l’écoulement de l’air. Les flux et les bruits d’air ne posent aucun problème. Au delà, le filet anti-remous est là pour éviter d’arriver à destination le brushing sens dessus dessous et pour réduire un peu les bruits d’air. L’opération capotage/décapotage s’effectue en quelques secondes.
Motorisations et tarifs
À ceux qui seraient tentés de taxer le SL de voiture « frime », c’est à ce chapitre que se trouve la plus belle réfutation. La frime est par définition, bas de gamme. Le SL, lui, est une voiture exclusive comme le confirment ses tarifs. Ostentatoire, on peut en débattre. Tape-à-l’œil, ça dépend sans doute du propriétaire. Mais frime, jamais. La frime est superficielle, pas le SL.
Là réside l’aporie.
Le ticket d’entrée pour cette voiture d’exception est relativement élevé en comparaison d’autres modèles haut de gamme qui accueillent 5 passagers et sont tout aussi bien équipés mais la légende a un prix. Il commence à 87 000 euros pour le SL 280 équipé du nouveau V6 3l de 231 chevaux qui inaugure une nouvelle entrée de gamme. Il passe de 0 à 100 km/h en 7,8 secondes et consomme 9,4l aux 100km en cycle mixte ce qui reste raisonnable pour un moteur de cette puissance. Au-dessus, le SL 350 (95 000€) développe une puissance de 316ch (en hausse de 16% par rapport à son prédécesseur de 272ch) et bondit de 0 à 100 km/h en 6,2s.
Au sommet de la gamme, on trouve le SL 500 (116 000€) équipé du 8 cylindres de 388ch et le SL 600 (163 000€) et son V12 biturbo annonçant le chiffre indécent de 517ch.
Quant aux versions AMG, elles sont encore plus exclusives : le SL 63 AMG et son 8 cylindres de 525ch est à vous pour 163 000 € et le 65 AMG de 612ch culmine à 232 000 €.
On en attendait pas moins, l’équipement de série est très complet et comprend entre autres les projecteurs bi-xénon, une kyrielle d’aides à la conduite, la boîte auto à 7 rapports 7G-Tronic, le système,complet de navigation Command APS qui gère l’ensemble des fonctions du véhicule (navigation, autoradio, changeur 6CD, lecteur vidéo…) avec l’interface vocale Linguatronic, le fameux Airscarf et le système d’aide au stationnement.
Si vous le trouvez encore trop sage, vous pouvez offrir à votre SL (280, 350 ou 500) un look plus sportif en ajoutant le pack sport à la dotation d’origine ; pour 2400 €, il comprend les palettes de commande de boîte au volant, des disques de freins perforés et des étriers peints avec monogramme Mercedes-Benz à l’avant, des jantes 19 », projecteurs teintés, des inserts en aluminium et des garnitures en cuir noir avec surpiqûres argent.
Sublime et onéreux, luxueux et moderne, sportif et confortable, le nouveau SL est à la hauteur de son mythe.
Voir la fiche technique